RDC : consécration d’un génocide éducatif
En République démocratique du Congo (RDC) comme partout ailleurs, la passation aux épreuves de l’examen d’Etat est un principe « sacro-saint ». Une condition qui ouvre la porte de l’université au lauréat. Mais quand les Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) font irruption dans des centres de présentation des épreuves de l’examen d’Etat? Quand les écoliers zappent les cours et s’adonnent à une course folle en vue d’obtenir un diplôme, qui, au finish ne les protègera pas contre la galère? Il sont alertes, éveillés, kif-kif pour ne pas voir cette paperasse leur passer sous la barbe. Avoir son diplôme puis mourir ! C’est la loi de la » diplomanie ». Un diplôme, qui plonge dans les ténèbres du chômage et dissipe les espoirs en cendres. C’est la dérive totale d’une société. La dérive dans l’ » Art d’enseigner » ainsi que dans l’ « Art d’apprendre « .
La RDC a un grand défi à relever en matière éducative. Ce défi ne consiste pas seulement d’emmener ou plutôt ramener à l’école le plus d’enfants possible en dehors du système scolaire en construisant une poignée d’écoles. Construire « 1.000 écoles » est une chose. Mais repenser la « Réforme fondamentale » de l’éducation nationale notamment par la mise en place effective d’une politique de gratuité d’enseignement, l’adaptation des salaires des enseignants, la promotion d’artisanat et du métier en lieu et place d’un enseignement élitiste et obsolète en est une autre. Ce n’est pas à coup de débats d’idées abstraites et médiatiques évoquant parfois certaines innovations « cosmétiques » apportées dans la publication des résultats des épreuves de l’examen d’Etat que s’imposeront une éducation qui répond aux besoins réels de la société. Mais, la nécessité s’impose de se passer de cette éducation traditionnelle ne cadrant pas avec les réalités du pays à un enseignement professionnel et adapté.
Le secteur éducatif sensé être le moteur de tout développement, est en RDC, un secteur en proie de la corruption endémique qui conduit à la paupérisation des enseignants. Cette pieuvre (corruption) dont les tentacules touchent à tous les secteurs enivre les enfants qui abandonnent la culture de l’excellence au détriment d’une tricherie 3G.
Dans l’enseignement primaire secondaire et professionnel (EPSP), l’indissociabilité de la relation « corrompu-corrupteur » n’est plus à démontrer. Le système corrompu-corrupteur s’entretient, se maintient et se préserve. Des institutions scolaires deviennent des foyers ardents accroissant les opportunités qui favorisent la tricherie, la mesquinerie et l’amateurisme. L’anarchisme et la triche se chevauchent. Comble, la tricherie est institutionnalisée en amont par certains préfets, promoteurs d’écoles, parents et élèves qui collectent des sommes colossales d’argent dit « argent de suivi » (pourboire) en vue de corrompre les chefs des centres de correction. Dans cette immoralité, tout le monde trouve son compte dans une culture de la jouissance entretenue. On doit évoquer : le savoir, l’autorité, l’éthique, l’imagination, la civilité et bien d’autres qualités essentielles à l’ « Art d’apprendre et d’enseigner « pour combattre ledit fléau.
Alors que jadis on parlait de » cartouche » ou « aide mémoire », ce bout de papier sur lequel étaient griffonnées les matières ayant trait au cours, aujourd’hui ce sont les NTIC qui facilitent les enfants à tricher. L’ère de 3G et 4G oblige! Le smart-phone s’invite dans des centres de présentation d’examen d’Etat en dépit de toute vigilance et fouilles corporelles, qui en réalité, ne relèvent que d’un formalisme ou un « trompe œil ».
A partir de témoignages qui font foi de certains candidats à ces épreuves, tous les moyens sont bons pour réussir y compris le téléphone intelligent qui devient le dernier rempart auquel ils recourent. D’après certaines indiscrétions, la complicité des contrôleurs commis à ces centres et les autorités scolaires est d’un atout majeur pour réussir cette « manigance » avec cet outil qui sert de liaison entre les « mercenaires » enfermés dans un labo environnant et les écoliers qui mastiquent les capuchons de leurs stylos dans les salles d’examens. Au-delà de cette complicité, les plus inspirés arrivent seuls à infiltrer cet appareil par des stratégies et astuces que seul Al Capone dénicherait.
Peut-on dire que c’est par empathie que lesdits » professeurs-mercenaires » ou autorités scolaires sont capables d’agir ainsi en se mettant à la place de ces écoliers en vue de les aider et de les défendre en lieu et place de la dénonciation? C’est au nom de quel principe que ces parents déboursent-ils leur argent pour corrompre ces autorités, et enfin aider leurs enfants à obtenir un diplôme sans un bagage intellectuel conséquent?
Le secteur devient une zone grise et un amplificateur de médiocrité consacrant recul et « génocide » du système éducatif congolais. Ces caractéristiques renforcent davantage l’indice de perception de la corruption endémique, et plombant ainsi l’indice de développement humain.
Comment une telle éducation peut-elle contribuer à faire des écoliers des adultes productifs ? Ne se préoccupant pas de savoir comment tirer le meilleur parti du temps passé sur les bancs de l’école, ces enfants sont hantés par le diplôme. Sans surprise, il revient de dire que la tricherie est un acte criminel, un manquement à la morale et à la loi.
A qui incombe donc la grande responsabilité ? le gouvernement congolais fait réellement de l’éducation une priorité ?
Il revient à tous de cultiver la culture de l’excellence, notamment par la discipline, la sanction le contrôle parental ainsi que faire réfléchir tous les congolais sur le processus d’apprentissage et d’acquisition du savoir.
Quant aux enseignants, ils doivent être les meilleurs et maitriser leur sujet à fond en poussant les élèves sur la voie de l’excellence. Pour se faire, l’aspect humain décent, les qualités innées ou acquises sont indispensables à leur profil et un facteur clé de l’ « Art d’enseigner ». Ceci est un facteur de développement pour changer les mentalités et tirer la RDC de la queue de peloton des attentes des OMD de 2015 ?
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