La ruée vers les partis politiques en RDC : une aubaine pour les plus véreux

Article : La ruée vers les partis politiques en RDC : une aubaine pour les plus véreux
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17 mars 2015

La ruée vers les partis politiques en RDC : une aubaine pour les plus véreux

Le microcosme politique congolais est truffé de partis et regroupements dont le nombre ne compense pas la qualité. De diverses natures et de toutes les couleurs, ils sont dans la plupart de cas guidés par des avantages matériels.

Ph. batoto.blogspot
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On en dénombre à ce jour une bagatelle de 477 et une trentaine de regroupements politiques agréés tandis que d’autres sont en gestation ou en cours d’officialisation. Un gabarit trop élevé, estime l’opinion nationale bien que le pluralisme politique confère à tout Congolais le droit de jouir des ses droits civils et politiques par la création des partis politiques ou l’affiliation à ceux-ci. Mais les Congolais sont friands de ces entreprises « cagoulées » qui gardent encore la marque africaine et des connotations tribales.

Il va de soi qu’aucune société moderne ne peut se déroger de l’existence des partis politiques et se dire un Etat de droit. Cette existence favorise à bien d’égard la promotion et la protection des droits humains et les libertés publiques. C’est l’expression de la démocratie à travers laquelle les organisations, connaissant les besoins du citoyen lambda, regroupent les opinions et formulent une alternance en vue de les transmettre au gouvernement. C’est la ceinture de transmission entre l’Etat et les citoyens. Une courroie de transmission des aspirations populaires, les partis politiques concourent à l’expression du suffrage, au renforcement de la conscience collective et à l’éducation civique et patriotique.

Mais qu’advient-il quand cette ceinture de transmission est grippée et que les politiques ne suivent que les intérêts égoïstes. C’est la cacophonie totale qui engendre le foisonnement de ces organisations dénuées de tout sens et dont la pauvreté des membres rend aléatoire les ressources susceptibles de provenir de cotisation en faisant reposer le poids du fonctionnement du parti à la charge du seul fondateur.

Ironie du sort, ces  » boutiques politisées «   créent une ambiance délétère et défavorable à l’enrichissement de la culture et de la pratique démocratique devant consolider les vertus républicaines pour le développement du pays. Au lieu d’être la ceinture de transmission, ils sont des tonneaux qui se remarquent par un manque de base idéologique, d’assise nationale, de programme fiable, l’absence d’une culture démocratique et des mécanismes institutionnalisés de sélection des candidats, de fidélité et loyauté des membres (d’où le vagabondage) et prévalence des accointances régionales ainsi que du clientélisme. Ils sont tout, partis fugitifs, fragmentaires, fractionnels, événementiels, clubs d’amis, comités électoraux, sauf une ceinture de transmission des aspirations populaires à l’Etat.

De quelle culture est-il question dans ces mouvements ? Peuvent-ils survivre sans le père fondateur? Cette ruée vers la création des dits partis explique-t-elle la maturité politique des Congolais? Et que dire de la versatilité de ses membres qui sont de la droite les avant-midi et de la gauche les après-midi ?

Plusieurs facteurs concourent à la floraison de ces forces politiques, notamment la « démocratisation » du régime Mobutu, la tenue de la Conférence nationale souveraine (CNS), la transition issue des accords de  » Sun City «  en Afrique du Sud. Ces causes ont suscité avec force la renaissance des partis politiques longtemps mis en veilleuse par le monopartisme ou le gel à l’entrée de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération (AFDL).

C’est ainsi qu’on assistera à la transformation des mouvements de rébellion en partis politiques dont les acteurs ne jurent que par le «  changement radical » de régime sans tenir compte de l’établissement des structures démocratiques devant consolider les vertus républicaines pour le développement du pays. La société civile se mue au grand jour et ses acteurs convergent au gouvernement ou encore bénéficient des faveurs des alliés qui sont au sein des institutions étatiques. Les ONG pour leur part sont en réalité des entreprises commerciales qui s’enrichissent sur le dos des plus démunis en occultant leur statut et contourner certaines obligations et attendre ainsi d’une action humanitaire ou  » aumône  » de la part des partenaires.

Ces forces politiques font par ailleurs face à des défis majeurs, notamment celui de fonctionner dûment et bénéficier d’un traitement égal de l’Etat et des services publics selon les prescrits de la loi. La mémoire collective se rappellera des chiffres historiques de 18 386 candidats députés pour 500 sièges à pourvoir à l’Assemblée nationale lors des élections législatives de 2011. Un vice congolais ?

Les politiques congolais doivent relever le défi d’asseoir un leadership alternatif, éviter la propension vers snobisme et éradiquer les stéréotypest.

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