Gouvernement de cohésion nationale : la RDC n’égalera pas le record de la Belgique

Article : Gouvernement de cohésion nationale : la RDC n’égalera pas le record de la Belgique
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10 décembre 2014

Gouvernement de cohésion nationale : la RDC n’égalera pas le record de la Belgique

Les lecteurs des journaux à Kinshasa (Ph. Radiookapi)
Les lecteurs des journaux à Kinshasa (Ph. Radiookapi)

Pas moins de 411 jours. Le compte à rebours s’est arrêté en République démocratique du Congo (RDC). Voilà ce qui a suffi au pays d’en finir avec la sempiternelle attente du  » gouvernement de cohésion nationale « . Enfin, le pays de Joseph Kabila n’égalera pas le record de la Belgique qui a mis 541 jours pour mettre en place son gouvernement. Mais le nouvel exécutif est déjà contesté tant par l’opposition politique que la classe moyenne, il y a des remous. Le citoyen lambda s’interroge si c’est un gouvernement  » providentiel «  ou un  » tape-à-l’œil? « .

La RDC s’est dotée dans la nuit du dimanche à lundi 8 décembre dernier de son gouvernement de cohésion nationale. La situation était devenue plus qu’un calvaire pour le citoyen lambda qui a piaffé d’impatience au lendemain de l’annonce par le chef de l’Etat congolais devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès de la sortie dudit gouvernement. Certes, entre la promesse d’il y a plus d’une année et celle réalisée dans peu de temps la différence est grande. L’une fait languir et rend le cœur malade, tandis que l’autre a mille attraits pour créer un consensus autour de sa personne et de son leadership. Mais disons-le plus clairement, le « bientôt » du sieur n’était pas circonscrit dans le temps.

N’en déplaise. Les dés sont jetés. Kabila a coupé court à toutes spéculations et rumeurs fantaisistes. Le gouvernement  » providentiel «  est bel et bien là. Ayant déjà perdu plus d’une année dans des tractations, ce  » prétendu «  gouvernement de cohésion nationale a du pain sur la planche pour environ deux années restant au dernier mandat de Joseph Kabila. La machine Matata II est déjà en marche.

Au total, 47 ministres, dont environ 10, se réclamant de l’opposition politique ont retourné leur casaque en faisant preuve d’une versatilité sans transition. Une caractéristique du politique congolais qui n’a pas froid au dos de changer de discours. Ils ont rejoint le navire  » Matata II « . Un coup de maître réussissant toujours au  » raïs « . Pour plus de crédibilité à son équipe, il débauche certains leaders charismatiques de l’opposition en vue d’atténuer la teneur de ladite opposition en semant confusion et zizanie dans ses rangs.

Ça brouille déjà au sein du Mouvement de la libération du Congo (MLC) du chairman Jean-Pierre Bemba, détenu à la Cour pénale internationale (CPI). On leur a raflé quelques pions. MM. Thomas Luhaka, Germain Kambinga, Omer Egwake, respectivement vice-premier ministre en charge des Postes téléphones et télécommunications (PTT), ministre de l’Industrie et ministre de l’Aménagement du Territoire, Urbanisme et habitat. Un camp les soutient pour briguer ces postes tandis qu’un autre est carrément opposé à cette élévation en considérant cela comme une trahison. Ils sont radiés du parti. Mais les concernés ne sont pas de cet avis.

Le bémol en est que, Thomas Luhaka en son temps secrétaire-général du MLC, répondant aux critiques concernant leur participation aux concertations nationales, a, à la veille de la tenue de ces assises, fait une déclaration selon laquelle  » ils y participeront sous l’ordre de JP Bemba, mais ne prendront part à un quelconque gouvernement qui y sortira «  . Parole d’Évangile ou d’honneur ? L’honneur, si je ne m’abuse, c’est comme la virginité, ça ne sert qu’une fois.   

Basta! Au troisième jour de cette publication,  » La Place Victoire  » s’est réveillée avec une euphorie moindre qu’au lendemain de la sortie cette ordonnance. Ce lieu mythique et épicentre de l’ambiance chaude de Kinshasa est une  » Agora «   des  » parlementaires-debout  »  ainsi que des curieux qui y viennent pour s’informer, analyser et commenter les faits saillants de l’actualité nationale. Seuls quelques réfractaires à l’information y affluent timidement. Les vendeurs de fortune surgissent de partout avec des photocopies des listes des ministres. On s’y agglutine et lit religieusement tous les noms comme pour voir celui de son cousin.

Après s’être suffisamment informés, les uns s’en fichent et qualifient cela de « non-événement  » tandis que les autres engagent un débat houleux autour. Toutefois, on peut lire le scepticisme et le désarroi dans les yeux de ces compatriotes. Ils sont ébranlés et déçus de remarquer que les acteurs n’ont pas considérablement changé et se demandent si  » certains Congolais sont créés de l’étoffe dont on fait les ministres «  .

 » C’est toujours cette vieille école. On prend les mêmes et on recommence « , s’insurge un parlementaire-debout, avant de dresser l’historique de certains qui trônent depuis la deuxième République aux postes des ministres ainsi que ceux qui sont aux commandes depuis près de dix ans.

« Honni, soit qui mal y pense ». Pendant que le citoyen lambda se tord l’esprit et que les commérages vont bon train, le reconduit et l’indéboulonnable est impitoyablement capitonné dans son fauteuil en recevant les messages des félicitations de la part des sympathisants. Les nouveaux venus bombent déjà le torse et posent en  » Excellence « . 

Le verdict est déjà tombé. Devant les faits tout le monde s’incline. Les déçus doivent prendre leur mal en patience et détecter les merveilles de ce gouvernement pendant les cent jours à venir.

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