Révision constitutionnelle : La CENCO conseille Kabila de s’éclipser après l’échéance

Article : Révision constitutionnelle : La CENCO conseille Kabila de s’éclipser après l’échéance
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3 juillet 2014

Révision constitutionnelle : La CENCO conseille Kabila de s’éclipser après l’échéance

Joseph Kabila, President RDC (Ph Google)
Joseph Kabila, President RDC (Ph Google)

Joseph Kabila a les yeux rivés à son calendrier. Elu en 2006 et réélu en 2011, son mandat prend fin en décembre 2016. La fin de cette échéance préoccupe l’opinion tant nationale qu’internationale, principalement la classe politique congolaise, dans sa majorité présidentielle et opposition. Entre temps, la bataille de succession défraye la chronique. La sempiternelle question « partira? » ou « partira pas? » est suspendue à toutes les lèvres. Les « pro » et les « antis » sont à couteaux tirés. L’opposition met en garde contre toute initiative visant à réviser ou à réajuster la constitution afin de permettre un passage en force de Joseph Kabila. La majorité est sur la défensive. L’Eglise catholique s’invite. Un débat houleux des politiques, des constitutionalistes et des légalistes qui laisse le peuple bougé. L’opposition congolaise n’accorde aucun sursit après ce dernier mandat, et évoquent par ailleurs des dispositions constitutionnelles qui garantissent au souverain primaire de s’ériger en bouclier contre la levée du verrou de la délimitation de mandat. Une manœuvre sulfureuse contre laquelle le peuple est une partie de réponse en se référant à l’article 64 de la constitution, notent-t-ils. Un analyste politique trouve cette modification d’ « inopportun » en rappelant les précédents « matraquages » de cette constitution en 2006 et 2011. Tandis  que pour la mouvance présidentielle affirme la volonté du Gouvernement de terminer le processus électoral en respectant la constitution et la loi électorale en vigueur. Elle qualifie, par ailleurs, toutes les allégations de l’opposition faisant état d’un « passage en force » de Kabila de procès d’intention. Là où ça coince, c’est quand le gouvernement propose de ramener le suffrage direct au suffrage indirect pour des raisons financières.

A propos, les évêques membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) ont, dans une Déclaration à Kinshasa,  affiché leur position et levé le ton contre toute révision constitutionnelle tendant à se passer de l’intérêt supérieur de la Nation et personnalisé le pouvoir en RDC.

Ces prélats catholiques ont sensibilisé la population congolaise à prendre soin de son destin afin d’échapper aux pratiques politiciennes qui sacrifient cet intérêt supérieur . Ils  s’opposent contre toute manipulation constitutionnelle, en ce qui concerne particulièrement de ses « articles verrouillés », dont l’article 220 qui fixe à cinq ans renouvelable une fois le mandat du président de la République. En substance, cet article « talon d’Achille » stipule que « La forme républicaine de l’Etat, le principe du suffrage universel, la forme représentative du Gouvernement, le nombre et la durée des mandats du Président de la République, l’indépendance du pouvoir judiciaire, le pluralisme politique et syndical ne peuvent faire l’objet d’aucune révision constitutionnelle ».

Dans le même ordre d’idée, ces ecclésiastiques ont désapprouvé également toute sorte d’initiative malicieuse, qui, sans modifier directement l’Article 220, viserait à  » vider celui-ci de son contenu essentiel « . ils ont critiqué tout mode de scrutin qui priverait le peuple de son droit de désigner ses gouvernants et de participer directement à la gestion de la cité.

Par ailleurs, la CENCO exhorte les congolais à « Protéger leur nation en consolidant la démocratie et organiser des élections libres, crédibles et transparentes ». Une protection, qui, selon elle, est une façon de « bâtir un Congo plus beau qu’avant, de ramener la paix, de défendre, de promouvoir les droits, la dignité, le bien être des Congolais ». Ils ont affirmé que cette protection de la nation est aussi une façon de « valoriser les  ressources naturelles de la RDC, de ne pas les aliéner ».

Dans le même message, ils n’ont pas manqué de formuler certaines recommandations au gouvernement, au parlement, aux partis politiques, à la Commission électorale nationale indépendante (CENI), aux organisations de la société civile, à la population congolaise, aux partenaires de la RDC et aux ecclésiastiques de ce pays pour tenter de trouver  » un consensus aussi large que possible » dans le respect de la Constitution.

Cette sortie fait tache d’huile. Une certaine opinion juge que l’Eglise catholique ne doit pas s’ « immiscer » dans la politique en lieu et place de sa mission primordiale d’évangélisation. D’autres par contre trouvent en cela un acte responsable et salvateur contre un « matraquage » ou « réajustement » de la constitution qui aménagerait une certaine classe.

Quelque soit le délais imparti à un mandat, les inassouvis prendrait cela pour « une étoile filante ».

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