Une décoction qui guérit tout, ça existe à Kinshasa

Article : Une décoction qui guérit tout, ça existe à Kinshasa
Crédit:
21 avril 2015

Une décoction qui guérit tout, ça existe à Kinshasa

MTLes dividendes à tirer lorsque les tradipraticiens se livrent à cœur joie à des campagnes publicitaires illicites dans les médias, c’est la vente d’illusions. De cette cacophonie amplifiée et entretenue par les chaînes des radios et télévisions, d’une part, et d’autre part le ministère de la Santé publique, le malade kinois se fait embobiner et rançonner à ciel ouvert par des charlatans. La publicité enrobe ces produits traditionnels en ne laissant aucun choix au pauvre malade qui en pâtit au lieu d’en guérir.

En Afrique, jusqu’à 80 % de la population a recours à la médecine traditionnelle. C’est ainsi que pour se faire une place dans ce secteur, guérisseurs, phytothérapeutes, herboristes, petits sorciers ont envahi l’espace médiatique congolais avec des émissions de santé qui n’ont de santé que le nom. Sans contenu scientifique, dénuées de toute pudeur, lesdites émissions foisonnent en faisant l’apologie du sexe. Dans la plupart de cas, elles ont tendance à jeter le discrédit sur la médecine moderne. On verse dans la publicité agressive sur l’art de guérir par les produits traditionnels, pourtant interdits par la loi.

Des mixtures au gingembre, aux écorces d’arbre, aux racines et autres substances toxiques rivalisent tous le long des rues et marchés de Kinshasa. Parfois dans des bouteilles en plastique repêchées dans des caniveaux et poubelles, le dosage et les conditions hygiéniques dans lesquelles sont fabriquées ces mixtures restent un secret des dieux.

 » Cette décoction traite les hémorroïdes, paludisme, cancer, le rhumatisme, le sida, la myopie, le myome, l’hypertension artérielle, la stérilité, etc. «  Bon Dieu ! Si seulement cela était possible, la médecine chinoise qui vante tant les vertus de l’acupuncture courberait l’échine devant cette médecine de l’Afrique subsaharienne.

A certaines heures, regarder le petit écran devient monotone, à croire que les grilles de programmes des médias audiovisuels auraient subi une uniformisation. Même magazine, même invité, même sujet, même décor diffusé simultanément sur différentes chaînes. Des témoignages de malades qui auraient retrouvé la santé en un temps record grâce à ces traitements. Serait-ce un bourrage de crâne ? C’est la loi du moindre effort qui conduit à la médiocrité qui, par contre, renfloue les poches de ces marchands de boniments.

Sur ce, le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), l’organe de régulation des médias congolais tape du  poing sur la table et rappelle à l’ordre les tradipraticiens et les journalistes à se conformer à l’esprit et à la lettre de la réglementation en vigueur. Désormais, pour éviter cette descente aux enfers, le CSAC  exige un avis de conformité avant toute production et diffusion des émissions de santé et promet de sanctionner les récalcitrants.

Devant cette instance de régulation, les tradipratriciens et les professionnels des médias se rejettent la responsabilité. Les premiers chargent les prétendus journalistes qui poussent à l’erreur l’herboriste illettré après avoir empoché leur cagnotte ou pourboire (coupage dans le jargon).

M. François Kacingu, phytothérapeute et président du Conseil national des tradipraticiens (CNT), a pour sa part, plaidé pour l’assainissement de ce secteur en accusant par ailleurs le ministère de la Santé publique qui, selon lui, entretient sciemment ce désordre par son refus de reconnaître juridiquement cette structure. Il a affirmé que cette reconnaissance permettra à éviter la descente aux enfers de la médecine traditionnelle en débusquant et bannissant les moutons noirs de la profession.

 » Il faut doter le CNT de bases juridiques lesquelles lui faciliteront de mettre le ménage, de recenser et d’identifier tous les tradipraticiens exerçant sur l’ensemble de la RDC, « , a-t-il indiqué, avant de souligner que  » L’ambition dont on a pas la compétence est un crime « .

Outre sur le petit écran, des mixtures au gingembre, écorces d’arbre, racines et autres substances toxiques rivalisent tout le long des rues et marchés de Kinshasa. Certaines sont vendues dans des papiers d’autres dans des bouteilles en plastique repêchées dans des caniveaux et poubelles. Le dosage et les conditions hygiéniques dans lesquelles sont fabriquées ces mixtures restent un secret des dieux.

 » Cette décoction traite les hémorroïdes, paludisme, cancer, le rhumatisme, le sida, la myopie, le myome, l’hypertension artérielle, la stérilité, etc. «  Bon Dieu ! Si seulement cela était possible, la médecine chinoise qui vante tant les vertus de l’acupuncture courberait l’échine devant cette médecine de l’Afrique subsaharienne.

Étiquettes
Partagez

Commentaires