Au pays des taxes « vache à lait »

Article : Au pays des taxes « vache à lait »
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10 juin 2014

Au pays des taxes « vache à lait »

La République Démocratique du Congo (RDC) va de mal en pis, une taxe en appelle une autre. Le citoyen lambda s’interroge tant sur l’accumulation, la motivation que l’utilité de ces taxes « vache à lait » ainsi que de leur gestion.Après la redevance de fonds de développement pour les infrastructures aéroportuaires (IDEF), communément appelée « GO PASS » à tout passager à l’aéroport international N’djili, le gouverneur de la ville de Kinshasa crée un nouveau feuilleton en instaurant la  » Taxe de statistique d’embarquement dans les avions ». Les passagers à cet aéroport de Kinshasa restent perplexes.

Aéroport international de N'djili (Google)
Aéroport international de N’djili (Google)

A son instauration depuis mars 2009 par la Régie des voies aériennes (RVA), le « GO PASS »  s’est avéré comme une nécessité. Les dirigeants de cette régie n’avaient cesser de conscientiser l’opinion tant nationale qu’ internationale quant à l’importance de cette taxe en ce qui concerne les recettes à générer pour le maintien, la modernisation ainsi que le développement des infrastructures aéroportuaires en RDC, notamment l’aéroport international de N’djili. Un discours prometteur, mais qui du moins n’était qu’une harangue en scrutant l’état de délabrement dans lequel se trouve les aéroports sur l’étendue du territoire national, entre autres celui de Kinshasa (N’djili) qu’on appellerait ailleurs, l’ »aérodrome » du Kenya ou de l’Éthiopie.

Quatre ans après, on a pas des résultats escomptés dudit « Go Pass » sinon un bâtiment de 7 mètres de haut, avec un diamètre de 37 mètres qu’on nomme le « pavillon présidentiel » dont le coût des travaux est estimé à plus de 11 millions de dollars sans aucune contre-expertise. Des chiffres qui ont défrayé la chronique par rapport à la qualité de ce « machin ». Jusqu’alors, en dépit de plusieurs interventions de la société civile, du Ministre de Transport et Voies de Communication, des parlementaires, du Ministre de la Justice et des Droits Humains et de la Cour des Comptes, la gestion et l’affectation des fonds générés par cette taxe restent toujours opaques. La RVA et l’entreprise sud africaine qui a chapeauté ces travaux ne rendent aucun compte aux contribuables ni ne démentent ce qu’ils qualifient de « rumeurs ».

En 2010, les associations de Droits de l’Homme ont exigé une enquête parlementaire sur l’affectation des recettes perçues par la RVA pour la réhabilitation des infrastructures aéroportuaires en RDC. En 2012, le Ministre honoraire de Transports et Voies de Communication, M. Justin KALUMBA, lors d’une visite effectuée à l’aéroport de Kinshasa, avait annoncé l’audit des fonds générés par la taxe « GO PASS » pour lui permettre de voir clair sur la destination de cet argent. On n’en sait grand-chose de cet audit. En 2013 également, LUZOLO BAMBI, ministre en cette époque de la Justice et des Droits Humains,  avait instruit le Procureur Général près la Cour d’Appel de Kinshasa/Matete d’ouvrir une information judiciaire sur la gestion de l’argent généré par le GO PASS. A ce jour, personne ne connaît les conclusions de cette information judiciaire qui était annoncée publiquement.

Au cours d’un atelier organisé par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en mars dernier, à Lubumbashi (Province du Katanga), la Cour des comptes a tiré la sonnette d’alarme en faisant état d’une gestion non orthodoxe de fonds générés par le « GO PASS ». Cette alerte reste lettre morte.

Alors qu’on a pas fini de s’interroger sur l’importance de cette première où tout passager paie 50 $ pour les vols à l’étranger et 10 $ pour ceux à l’intérieur du pays ainsi que de la transparence dans la  gestion des recettes qu’elle pu générer, l’Hôtel de ville Kinshasa coupe l’herbe sous le pied des passagers et cherche à engraisser, pour sa part, ses poches avec la  » Taxe de statistique d’embarquement dans les avions » pendant que son ainée a accouché d’une souris. Désormais, on fait déjà la route avec la nouvelle taxe du gouverneur de la ville de Kinshasa. Tout passager, en plus du « Go Pass », doit débourser 10$ pour s’astreindre à ladite   » Taxe de statistique d’embarquement dans les avions ». On continue de se questionner sur sa fonction à cet même espace aéroportuaire.

La transparence dans la gestion de la chose publique et des fonds y afférents est un principe et un devoir. Mais toutefois, certains « Machos » s’obstinent à cause de leur origine ou accointances contre ce « principe sacro-saint » malgré les inquiétudes et les interpellations de la population. L’impunité s’ancre au plus profond du congolais. Le phénomène « corrompu-corrupteur » a des ramifications à tous les niveaux, et est devenu une culture par manque d’autorité compétente ainsi que des mesures sérieuses pour contraindre et sanctionner les récalcitrants.

Que le citoyen lambda use de prérogatives que la constitution lui confère pour s’opposer par tout moyen de droit à l’enrichissement illicite des autorités politiques , des gestionnaires ou de leurs proches.

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FH
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Merci pour toutes ces infos, voici une bonne lecture. J'ai appris différentes choses en vous lisant, merci à vous. Fabienne Huillet www.neonmag.fr